Développer son produit en Lean tout en planifiant sa recherche

Suivre la méthode Lean Startup d’Eric Ries c’est confronter le produit ou service au marché visé au fur et à mesure qu’on le construit.

Pourquoi ? Pour être sûr de ne pas viser à côté. De ne pas délirer en imaginant un produit loin des besoins réels, qui ne soit qu’une manière de faire plaisir aux gens techniques qui travaillent avec toi.

Ça m’est arrivé : moi aussi j’ai poursuivi un marché mirage qui s’évanouissait dès que j’arrivais avec une nouvelle version de mon produit.

Et je me suis dit ceci.

Dans la startup d’après que je ne développerai que quelque chose pour laquelle je suis sûr qu’il y a un besoin solvable.

Donc pour avoir une chance de vendre un jour ce qu’on fait, il vaut mieux suivre cette méthode, non ?

Certes, mais il se trouve que ton projet est technique. Très technique.

Et que ça tombe bien pour toi car en France pour avoir des aides de l’Etat (qui sont des sommes rondelettes) il faut faire de la R&D.

Comme les grandes entreprises.

Ou comme le labo académique du coin. Et les aides de l’Etat ça ne dilue pas les fondateurs et ça peut être utilisé pour se développer très vite.

Ça veut dire qu’il faut prévoir les grandes technologies sur lesquelles vous allez travailler sur un horizon supérieur à l’année en cours.

Oui, mais quand on plante des graines de carottes on ne peut pas récolter des choux, même si les clients le veulent.

Donc il y a une contradiction.

D’un côté adapter son offre jusqu’à ce qu’elle rencontre un marché.

De l’autre planifier sa R&D sur du moyen terme. Donc investir sur des technologies.

Pour s’en sortir je ne vois qu’une solution.

C’est de travailler sur des technologies nouvelles utilisables partout.

Par exemple l’IA.

Tu ne cours pas de risque : il y a tellement d’utilisations possibles que tu pourras en trouver pour d’autres besoins en pivotant comme un derviche tourneur. Et le tout sans avoir besoin de changer de technologie sous-jacente.

Mais dans ce cas investis sur les gens qui vont travailler avec toi (en cherchant un fondateur très technique par exemple), surtout pas en achetant de la sous-traitance auprès de laboratoires ou autres.

Apprends à pêcher plutôt qu’acheter du poisson.

Ainsi tu pourras pêcher dans d’autres mares si tu te rends compte que la tienne est finalement vide.

Ne développe rien de compliqué avant d’être sûr du besoin de ton marché. Contente-toi de le valider avec des maquettes et des arguments techniques.

Et tu pourras quand même montrer un beau programme de R&D que tu ne réaliseras probablement pas mais auquel tu croiras à l’instant t et qui sera suffisant pour faire rêver tes interlocuteurs et décrocher des financements publics.

Plus tard quand tu auras déjà une accroche, avec un produit qui a rencontré son marché, tu pourras décider de construire ta R&D sur une fonction supplémentaire déjà validée.

Tu habilleras donc ton produit existant pour lui donner un air technologique du meilleur aloi.

Un corollaire, c’est que construire son projet sur une technologie nouvelle, mais très spécifique en espérant lui trouver un marché, c’est au mieux optimiste, au pire une tactique de kamikaze.

Si ton marché présumé te dit non, tu n’auras pas de possibilité de pivoter.

Donc investis si besoin sur les technologies encore haut dans la hype curve, mais uniquement sur celles qui peuvent s’appliquer potentiellement dans beaucoup de cas.

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